Algérie: le CAMAN condamne le procès contre l’opposant Karim Tabbou


Le CAMAN (Collectif des amis du manifeste et de l’Algérie) apprend avec consternation la condamnation en appel, devant la Cour d’Alger, de Karim Tabbou, à un an de prison ferme. Cette nouvelle peine aussi sévère qu’arbitraire fait suite à l’appel que le parquet avait interjeté il y’ a à peine quatre jours contre le verdict du Tribunal de Sidi M’Hamed. La peine prononcée à cette étape était, rappelons-le, d’un an de prison dont six mois avec sursis.

Le déroulement du dernier procès s’est caractérisé par la célérité de la procédure et les graves violations des droits de la défense pourtant garantis par le code de procédure pénal, la constitution ainsi que les pactes et traités internationaux ratifiés par l’Algérie. Les avocats n’ont pas été averti pour le procès qui se déroulera en catimini. Dans la même logique expéditive, le prévenu est jugé en son absence puisqu’il a été évacué de l’audience pour malaise.

Cette condamnation expéditive menée en violation du droit met en exergue un procès qui s’apparente à de la vile vengeance contre un homme qui n’a commis aucun crime ni méfait. Il a juste exprimé pacifiquement et clairement ses opinions contre le système politique en place. Et ce n’est pas la première fois. A son poste de député et de militant engagé, il a de tout temps exprimé cette opinion. Pourquoi donc s’acharner contre lui et quelques-uns parmi les activistes ?

Une fois de plus, on assiste à l’instrumentalisation de la justice qui, en l’occurrence, obéit aux ordres et met à nu le discours censé être celui de la rupture avec l’ancien système bouteflikien. Force est de constater qu’on est dans l’absurde et la ruse sur fond de violence.

Le moment choisi pour ce procès inique confirme qu’au lieu d’un plan sanitaire qui protège les populations, le pouvoir entend profiter du confinement volontaire du peuple algérien contre la pandémie du Coronavirus pour poursuivre ses menées contre-révolutionnaires. Ces agissements font craindre le pire : la tentation sécuritaire sous couvert de l’état d’urgence sanitaire. Dans ce cas, l’objectif est de faire taire toute opposition autonome et tout retour des manifestations publiques contre le système autoritaire.

Le CAMAN condamne avec la plus ferme vigueur l’arbitraire judiciaire et politique qui frappe Karim Tabou. Il assure, en cette douloureuse circonstance, sa famille de sa solidarité active.

Il met en garde le pouvoir contre toute velléité d’instrumentaliser la tragédie pandémique actuelle contre les militants, les citoyens et les légitimes aspirations de la révolution populaire. Nous demandons par conséquent la libération sans conditions des détenus de délit d’opinion, injustement arrêtés, précairement incarcérés et arbitrairement poursuivis.

Le CAMAN appelle toutes les forces qui militent pour l’alternative démocratique d’unir leurs énergies afin de contrecarrer les plans de normalisation autoritaire et faire aboutir les idéaux énoncés par les manifestations populaires, notamment la démocratie et l’Etat de droit.

Alger, le 25 mars 2020.

Amadal Amazigh


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