Niger-Azawagh: agir pendant qu’il est encore temps !
L’attaque du camp des réfugiés, d’Intikane (département de Tillia) est venue nous rappeler que peu de choses avancent dans la mise en place d’un dispositif sécuritaire adapté à la menace qui pèse sur les populations de l’Azawagh.
En dépit du vol de plusieurs centaines d’ovins et de bovins, il y a quelques mois et la multiplication d’actes de banditisme, dans cette région frontalière, les autorités nigériennes demeurent indifférentes au sort des populations de cette zone. Les habitants de cette partie de l’Azawagh sont laissés à la merci de groupes non identifiés qui sèment la terreur et occupent l’espace abandonné par l’administration de l’Etat et les Forces de Défense et de Sécurité (FDS).
Face à cette inertie des autorités, les populations ne pourront plus rester éternellement passives car il s’agit pour elles d’une question de survie et de préservation de leur espace.
Les populations n’ont pas d’autres choix que de réfléchir à leur propre sécurité et de prendre les mesures qu’elles estiment nécessaire pour se protéger.
Il faut rappeler que le gouvernement d’alors avait supprimé, à la fin des années 90, les unités sahariennes de sécurité qui faisaient pourtant partie des acquis des accords de paix de 1995 signés entre le Niger et la Résistance armée.
Depuis la signature de ces accords, l’Etat fait la promotion de l’idée de paix sans pour autant donner les moyens de cette paix et créer les conditions d’y associer les populations locales concernées. Il subsiste une certaine méfiance qui risque de déboucher sur une crise de confiance entre la population et le pouvoir central de Niamey.
Il est temps que les autorités prennent la situation à sa mesure et révisent le dispositif sécuritaire dans cette région afin de désamorcer une tendance qui risquerait d’échapper à tout contrôle et de s’étendre. Les dernières annonces, d’un recrutement de ressortissants des régions en proie à l’insécurité (Azawagh, Tillabéry Diffa), constitue un pas important. Il faut espérer que cette initiative traduise une nouvelle volonté des autorités du pays à corriger les déséquilibres actuels et à aller vers la reconstitution d’une véritable armée nationale qui reflète réellement la diversité du pays et dans laquelle se reconnaissent les citoyens sans distinction.
Cela permettrait également de limiter les comportements qui entretiennent la méfiance entre les populations et les FDS.
Abdoulah ATTAYOUB
Lyon 6 juin 2020